Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’utilisation des emballages traditionnels de vivres frais au Cameroun n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Celà favorise notemment la dégradation de l’environnement physique par le prélèvement de la matière première et autres forme de pollution.
Un prélèvement de matières premières devenu abusif dans les forêts de raphiales
L’utilisation accrue des emballages de vivres frais contribue à la dégradation de l’environnement physique des zones urbaine et rurale en effet, le prélèvement de matières premières indispensables pour la fabrication de ces emballages est devenu abusif dans les raphiales. Cette attitude ne prend pas en considération le taux de régénération des raphiales. Il s’agit des raphiales pour les cageots, du bois pour les caisses en bois, de la paille et des feuilles de bananier pour le calibrage. Cette dégradation est perceptible par le recul considérable de la surface jadis occupée par les raphiales. Les parties dénudées sont aujourd’hui occupées par les cultures maraichères (légumes-feuilles, piment, plantes condimentaires, poivron. etc.) en association avec les autres cultures de contre saison comme le maïs.
Cette activité génératrice de revenus pour les populations agricoles est un facteur de risque pour l’environnement. Par exemple, il est mentionné des indicateurs comme la baisse du niveau de la nappe phréatique de l’ordre de 3 cm en moyenne, selon les enquêtes de terrain et les données ombrothermiques fournies par le poste agricole de Baigom et la baisse du niveau de la nappe phréatique de l’ordre de 3 cm est la moyenne concentrée sur les années 2012 et 2013. Ces deux années qui n’ont pas enregistré des précipitations abondantes se sont caractérisées par des périodes pluvieuses anormalement sèches sur le plateau Bamoun tels que mars, avril et octobre, soit six mois de saison sèche. Ceci dans une zone écologique qui fait partie du climat équatorial d’altitude avec normalement neuf mois pluvieux (Tsalefac, 1999). Ainsi, on peut établir que le fort prélèvement des matériaux primaires dans les raphiales, la diminution des espèces végétales et la migration de la faune vers les autres biotopes ont contribué à cette baisse inquiétante du niveau de la nappe phréatique.
Pour avoir une idée de l’impact environnemental des emballages, nous avons interrogé 44 fabricants de cageots de trois sites maraîchers, dont 19 fabricants à Foumbot, 15 fabricants à Baїgom et 10 fabricants à Mangoum. Les informations que nous avons recueillies révèlent que chaque fabricant produit 30 cageots en moyenne par jour, et 2 cageots sont fabriqués pour un bambou utilisé. De même, un pied de raphiale correspond approximativement à 5 m2 et compte 27-30 bambous. En appliquant le principe de la règle de trois et sur la base des estimations moyennes reçues des fabricants d’emballages, nous avons déterminé le taux de déforestation des raphiales dans le bassin agricole de Foumbot et ses environs.
Ampleur du recul des raphiales dans le bassin maraîcher de Foumbot.
Nombre moyen de Bambous utilisés/jour/fabricant (BUJF) | Nombre de Bambous utilisés/semaine/fabricant (BUSF) | Superficie moyenne de raphiales dégradée en m2/semaine (SMRDS) | Superficie moyenne de raphiales dégradée en m2/mois (SMRDM) | |
Estimation chiffrée du recul des raphiales | 15 bambous | 105 bambous | 92 m2 | 2730 m2 |
Source : enquêtes de terrain, juillet-août 2013.
Vers une mutation spatiale irréversible des raphiales et forêts-galerie de Foumbot et ses environs
La dégradation progressive des raphiales et du petit bois de la région de Foumbot et ses environs s’est accompagnée depuis le début des années 2000 d’une mise en valeur des zones à écologie fragile à des fins agricoles ou d’urbanisation. La parcelle progressivement déboisée encourage les producteurs maraîchers de plus en plus nombreux à l’intensification de la culture des vivres frais (en exemple, les légumes-feuille, du piment, des plantes condimentaires, etc.) Cette recomposition spatiale irréversible se généralise concomitamment avec le prélèvement abusif des matières premières pour emballage traditionnel dans les raphiales et dans les forêts-reliques des villages périphériques de Foumbot. Kouoptamo, Mangoum, Baïgom et Mfesset par exemple, connaissent un prélèvement non contrôlé des bambous et des lianes pour le conditionnement des spéculations agropastorales arrivées à maturité. Ce processus de recomposition rapide des écosystèmes à forte endémicité tels que les raphiales et la modification du microclimat local n’est pas sans conséquence sur sa riche biocénose composée des oiseaux, des reptiles et des petits primates contraints de migrer ailleurs. De plus, les espèces végétales comme Raphia venifera et les graminées aquatiques qui les supportent telles que Eichornia sp, Nymphea maculata, Commelina benghasensis (Tchokona S, 2001). Lorsque ces espèces végétales ne peuvent pas bénéficier des complémentarités des autres maillons prélevés dans leur biotope, elles sont simplement contraintes de disparaître. L’impact direct de cette disparition est la variabilité progressive du microclimat local avec comme conséquence une perturbation du calendrier agricole chez les producteurs agricoles. Il faut aussi considérer qu’une élimination d’un maillon entraine aussi une rupture de l’équilibre écologique.
Les emballages traditionnels comme facteurs de pollution de l’environnement urbain
Les emballages pour vivres frais utilisés dans les centres de collecte des produits maraîchers contribuent avec les déchets plastiques à la pollution de l’environnement physique des centres de consommation des vivres frais dans la mesure où une fois déchargés et dépossédés de leur contenu, les cageots, sacs de jute et autres emballages traditionnels sont rejetés dans la nature. Ces déchets d’emballages traditionnels, en encombrant la chaussée, contribuent à boucher les rigoles et les canalisations destinées à l’écoulement des eaux usées collectées. À Yaoundé, cette situation devient préoccupante parce que le pôle de distribution qu’est le marché Mfoundi s’est développé sur la rive droite de la rivière Mfoundi, principale ligne de collecte des eaux usées, amplificateur des inondations récurrentes de l’artère principale de cette ville. Cela est également vrai pour la rivière Nkoup, principal cours d’eau qui draine la ville de Foumbot située elle aussi à proximité du marché des vivres frais. À Foumbot, la caisserie, à travers ses machines qui émettent un bruit assourdissant au quotidien, contribue de même à la pollution de l’environnement.
Source : Open Edition Journals
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