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Dans le domaine de la gestion douanière, l’évolution des technologies de l’information et de la communication a toujours été un facteur déterminant. Au Cameroun, cette réalité s’est manifestée à travers le passage de SYDONIA++, un progiciel bien établi, vers CAMCIS, une nouvelle plateforme prometteuse. Cette transition ne se résume pas simplement à un changement de logiciel, mais elle soulève des enjeux cruciaux pour l’efficacité et la compétitivité du système douanier camerounais.
Depuis son déploiement en 2007 en remplacement du système PAGODE, SYDONIA++ (progiciel propriété de la CNUCED) a été un pilier de la gestion des opérations commerciales à travers le pays. Cependant, au fil des années, ses limitations sont devenues de plus en plus apparentes face aux avancées technologiques rapides et incessantes. Les signes d’essoufflement de SYDONIA++ ont conduit les autorités à envisager sérieusement une transition vers une solution plus moderne et adaptée aux défis contemporains.
C’est dans ce contexte que CAMCIS, acronyme pour « Cameroun Customs Integrated System », est entré en scène. Lancé dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la société CAMPASS, ce nouveau système informatique représente une étape cruciale dans la modernisation de la douane camerounaise. Mais cette transition ne se limite pas à l’adoption d’une nouvelle technologie ; elle implique également des changements organisationnels, des ajustements stratégiques et des défis opérationnels à relever.
Dans cet article, nous explorerons les enjeux majeurs liés à la migration de SYDONIA++ vers CAMCIS. Nous examinerons les défis techniques, les besoins fonctionnels, les implications financières, ainsi que les bénéfices potentiels de cette transition pour l’ensemble du système douanier. De la gestion des risques à l’amélioration de la performance en passant par la sécurisation des opérations, chaque aspect de cette migration revêt une importance cruciale pour l’avenir de la douane camerounaise.
À travers cette analyse, nous tenterons de saisir l’ampleur et la complexité de ce processus de transition, tout en mettant en lumière les opportunités qu’il offre pour renforcer l’efficacité, la transparence et la compétitivité du système douanier du Cameroun dans un monde de plus en plus connecté et en évolution constante.
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Section 1 : Les limites de SYDONIA++ : Un système dépassé par les évolutions technologiques
Depuis son déploiement en 2007, SYDONIA++ a été un outil essentiel dans la gestion des opérations commerciales au Cameroun. Toutefois, malgré ses avantages initiaux, ce système a progressivement révélé ses limites face aux évolutions rapides des technologies de l’information et de la communication.
Premièrement, SYDONIA++ n’a pas suivi le rythme effréné des avancées technologiques. Conçu à une époque où les exigences en matière de gestion douanière étaient moins complexes, ce progiciel a rapidement montré des signes d’obsolescence. Les nouvelles normes de sécurité, les exigences de connectivité et les demandes croissantes des utilisateurs ont mis en évidence les lacunes de SYDONIA++, le rendant de plus en plus inefficace pour répondre aux besoins actuels.
Deuxièmement, en tant qu’application non web, SYDONIA++ est restreint par sa nature même. L’accès distant à travers un intranet privé limite sa disponibilité à certains sites douaniers, ce qui rend difficile la généralisation de son utilisation à l’ensemble du territoire. Cette limitation entrave non seulement l’efficacité opérationnelle, mais elle représente également un obstacle financier important pour son expansion, nécessitant d’énormes investissements pour son déploiement à travers le pays.
Troisièmement, les tentatives d’adaptation de SYDONIA++ aux exigences changeantes des procédures douanières se sont révélées insuffisantes. Malgré les efforts des ingénieurs camerounais pour apporter des modifications et des ajustements au système, SYDONIA++ reste confronté à des défis majeurs en termes de flexibilité et de capacité à s’adapter rapidement aux nouveaux besoins et aux nouvelles réglementations.
Enfin, la dépendance prolongée à SYDONIA++ a également exposé le Cameroun à des risques significatifs, tant en termes de sécurité des données que de continuité opérationnelle. Son incapacité à évoluer avec les menaces potentielles, qu’elles soient d’origine technologique ou humaine, a laissé le système vulnérable à diverses formes de dysfonctionnement et d’intrusion.
En résumé, les limites de SYDONIA++ sont devenues de plus en plus évidentes au fil du temps, mettant en lumière la nécessité urgente d’une transition vers une solution plus moderne et adaptable. C’est dans ce contexte que l’avènement de CAMCIS représente une opportunité cruciale pour moderniser et renforcer le système douanier camerounais, afin de répondre efficacement aux défis du commerce international du 21e siècle.
Section 2 : Le contrat de Partenariat Public Privé (PPP) pour la modernisation douanière
Le 04 septembre 2015, un accord historique a été conclu à Yaoundé entre la société CAMPASS et l’État du Cameroun, représenté par l’ancien Ministre des Finances, ALAMINE OUSMANE MEY. Ce contrat de Partenariat Public Privé (PPP) N° 07638/PPP/MINFI/2015 marque le début d’un projet ambitieux de modernisation du système informatique de la Direction générale des Douanes.
Dans le cadre de cet accord, la société camerounaise CAMPASS, détenant des capitaux coréens, s’est engagée à développer et à mettre à disposition des Douanes camerounaises un nouveau système informatique exploitant les ressources d’Internet. De plus, elle prend en charge la construction et l’équipement d’un centre de données au siège de la Division de l’Informatique à Douala, ainsi qu’un deuxième centre identique en tant que backup à Yaoundé.
Pour recueillir les besoins spécifiques du nouveau système, des ingénieurs coréens ont séjourné au Cameroun pendant plusieurs mois. Leur exploration a couvert l’ensemble des services douaniers ainsi que les bureaux impliqués dans diverses activités, offrant des configurations diverses. De plus, des rencontres ont eu lieu avec les partenaires de la Douane, tels que SGS, GUCE, des commissionnaires en Douane agréés, des acconiers, des chargeurs, des banques et le Trésor. Ces visites ont permis une compréhension approfondie des activités et des procédures douanières.
À la suite de cette collecte de besoins, une vaste concertation a été organisée en présence d’une quarantaine de douaniers de différents rangs et domaines. Cette étape a permis d’enrichir le Cahier de charges des spécifications fonctionnelles, élaboré par le personnel de la Division de l’Informatique des douanes. Les propositions de solutions formulées par l’équipe coréenne ont ensuite été minutieusement examinées et approuvées par la Douane. Ces solutions ont été réparties en plusieurs modules devant être développés en deux phases dans l’application CAMCIS.
C’est ainsi que les premiers modules de CAMCIS, prévus sont entrer en exploitation en février 2018, couvrant une gamme essentielle de fonctionnalités douanières. Ces modules comprennaient :
- Le manifeste et la gestion du fret : Permettant un suivi précis des marchandises entrant et sortant du territoire, ainsi que la gestion efficace du fret pour assurer un flux continu des marchandises.
- Le dédouanement : Simplifiant et accélérant les procédures de dédouanement pour les importations et les exportations, facilitant ainsi le commerce international.
- Le recouvrement : Gérant les paiements des droits de douane et autres taxes, assurant une collecte efficace des recettes douanières et une transparence financière.
- La gestion des risques : Identifiant et évaluant les risques liés aux opérations commerciales, permettant à la douane de prendre des mesures préventives appropriées.
- Le portail : Fournissant un point centralisé d’accès et de communication pour les utilisateurs du système, facilitant l’échange d’informations et la collaboration entre les différents acteurs du commerce et de la douane.
Quant à la seconde phase des développements de CAMCIS, lancée en 2019, elle visait à introduire des fonctionnalités avancées pour renforcer encore plus les capacités du système. Ces fonctionnalités comprenaient :
- La gestion de la performance : Évaluant et améliorant l’efficacité opérationnelle de la douane à travers des indicateurs de performance et des mesures d’optimisation.
- Le contrôle a posteriori : Permettant la vérification et la validation des opérations douanières après leur réalisation, afin de détecter d’éventuelles irrégularités ou fraudes.
- Le système du contentieux douanier : Gérant les litiges et les contestations liés aux décisions douanières, assurant un processus transparent et équitable pour résoudre les différends.
- La gestion des renseignements : Collectant, analysant et partageant des informations stratégiques pour améliorer la prise de décision et renforcer la lutte contre la fraude et la criminalité transfrontalière.
- La surveillance des passagers : Surveillant les mouvements des passagers à travers les frontières, facilitant les contrôles douaniers et renforçant la sécurité nationale.
- La passerelle externe de la Douane : Facilitant l’échange d’informations et la coopération avec les autorités douanières et les organisations internationales, améliorant ainsi la coordination et la lutte contre la fraude.
- EWACS : Early Warning And Control System (Gestion des alertes) : Identifiant et signalant rapidement les risques ou les événements anormaux, permettant une réaction rapide et efficace des autorités douanières.
Section 2 : Les promesses de CAMCIS : Une nouvelle ère pour la gestion douanière au Cameroun
Avec le lancement de CAMCIS, le Cameroun se tourne vers une nouvelle ère de gestion douanière, caractérisée par l’innovation, la connectivité et l’efficacité opérationnelle. Conçu dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la société CAMPASS, CAMCIS représente une réponse ambitieuse aux défis posés par l’obsolescence de SYDONIA++.
Tout d’abord, CAMCIS promet une transition vers un système plus moderne et adaptable aux exigences changeantes du commerce international. En exploitant les dernières technologies de l’information et de la communication, cette nouvelle plateforme est conçue pour offrir une plus grande flexibilité, une meilleure connectivité et une plus grande convivialité pour les utilisateurs.
En adoptant une approche basée sur internet, CAMCIS surmonte les limitations de son prédécesseur en offrant un accès distant à travers le web. Cette caractéristique permet une utilisation plus étendue du système, permettant aux différents sites douaniers à travers le pays de bénéficier des fonctionnalités avancées de CAMCIS sans les contraintes liées à l’intranet privé.
De plus, CAMCIS introduit de nouvelles fonctionnalités et modules destinés à améliorer tous les aspects de la gestion douanière, de la gestion du fret au contrôle a posteriori, en passant par la gestion des risques et la surveillance des passagers. Cette approche holistique vise à rationaliser les processus, à renforcer la sécurité et à améliorer la transparence des opérations douanières.
Un autre aspect crucial de CAMCIS est son engagement envers le transfert de connaissances et de compétences aux informaticiens et aux douaniers camerounais. À travers des programmes de formation, des sessions de travail collaboratif et des échanges avec les experts coréens, CAMCIS vise à renforcer les capacités locales pour une utilisation optimale et une maintenance efficace du système à long terme.
En résumé, CAMCIS représente bien plus qu’une simple mise à niveau technologique. C’est un projet ambitieux qui incarne la vision du Cameroun pour une douane moderne, efficace et adaptée aux exigences du commerce international contemporain. Alors que le pays embrasse cette nouvelle ère de gestion douanière, les promesses de CAMCIS ouvrent la voie à un avenir prometteur pour le secteur du commerce et de la logistique au Cameroun.
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