Dans un communiqué de presse publié sur son site le 10 octobre 2022, la compagnie Air Sénégal annonce la suspension de ses vols entre Dakar et Cotonou-Douala-Libreville à compter du 30 octobre 2022. Cette décision est justifiée par les faibles performances financières de cette ligne en triangulaire depuis son lancement en mars 2021.
Si la compagnie pourrait sembler se trouver en zone trouble avec cette décision, elle est loin d’en être la seule en Afrique. En effet, en 2018, la presse s’est étonnée du fait qu’une seule compagnie aérienne africaine soit bénéficiaire. C’était alors Ethiopian Airlines. Et plus récemment encore en août 2022, le bénéfice de cette compagnie a augmenté de 90% par rapport à l’année précédente, malgré les vents contraires de la détérioration des perspectives économiques mondiales, de l’augmentation du coût du carburant et de la pandémie mondiale qui conduisent les compagnies aériennes africaines vers un crash apparemment inévitable.
L’exemple de Ethiopian Airlines
D’après Mamo Mihretu, le directeur général d’Ethiopian Investment Holdings, la hausse du bénéfice net et des revenus s’explique essentiellement par l’augmentation du transport international de passagers et une baisse de 74% des coûts d’exploitation. Il poursuit en affirmant que le nombre de passagers internationaux transportés par la compagnie au cours de l’exercice 2021/2022 a progressé de 36 %, soit 6,9 millions, tandis que le transport de fret a augmenté de 59 %, soit 7 700 tonnes. Ceci prouve bien qu’il existe effectivement des opportunités de rentabilisation et de croissance. Cependant, nous en sommes très loin, car même parmi les 05 meilleures compagnies aériennes du continent d’après le classement de Skytrax en 2022, encore une fois, seul Ethiopian Airlines gagne de l’argent, contrairement à ses poursuivants.
Ethiopian Airlines serait donc la seule compagnie aérienne d’Afrique à pouvoir voler même dans les zones de turbulence, dans un contexte apparemment très difficile. Mais quel est donc le secret de leur succès ?
Les clés du succès de Ethiopian Airlines
1. La baisse des coûts d’exploitation
Les coûts d’exploitation directs pour le ravitaillement, les services d’assistance en escale, les taxes d’aéroport et les dépenses de navigation représentent la grande partie des dépenses des compagnies aériennes et leur surfacturation est chose étonnamment courante. Un service pouvant détecter les erreurs de facturation pourrait faire économiser des milliards aux compagnies. C’est le cas par exemple de la PME espagnole Airplane Solutions qui transforme l’industrie aéronautique pour résoudre ces problèmes et d’autres liés aux données. Ses technologies et services révolutionnaires sont conçus pour améliorer l’efficacité opérationnelle et augmenter les revenus.
2. Une résilience à toute épreuve
Au sommet de la pandémie de Covid19 en 2020, Ethiopian Airlines se disait elle-même très affectée. Son président, Tewolde Gebremariam, avait révélé des pertes de 550 millions de dollars entre janvier et avril et avait décidé de se battre en adaptant la compagnie aux besoins de la crise sanitaire : « nous nous concentrerons sur le transport des marchandises, un segment qui se porte bien parce qu’il y a un besoin urgent de fournitures médicales dans le monde entier. Nous essayons de convertir nos avions de passagers en avion-cargo, et pour se faire nous sommes en train d’enlever les sièges des cabines pour utiliser ces dernières dans le transport de marchandises, faire en sorte de survivre à cette crise globale et en sortir plus forts », déclarait-il. Par la suite, pas moins de 25 appareils de la flotte Ethiopian Airlines ont été convertis en cargo les mois suivants pour acheminer les énormes besoins de matériels de santé délivrés à l’Afrique. L’évolution de la crise a donné raison au PDG de la compagnie, car la demande de cargo des compagnies aériennes africaines a augmenté de plus de 22,4 % en mi 2021 par rapport à la même période de 2019, tirée par les échanges Afrique-Asie.
3. Une autonomie de fonctionnement
Bien qu’appartenant à 100% à l’Etat Ethiopien, la compagnie bénéficie d’un statut commercial et toute intervention de son propriétaire est interdite. Certains analystes attribuent par conséquent, en grande partie le succès d’Ethiopian Airlines à la bienveillance de l’État Ethiopien. Car ce dernier ne demande pas de dividendes, ce qui permet de maintenir au plus bas les coûts de travail et de financement. La compagnie peut alors accumuler du capital, bénéficier d’un coût du travail plus faible et d’une plus grande productivité que ses rivaux. Toutefois, on peut affirmer que ces coûts augmenteront bien à un moment ou à un autre à mesure que l’économie éthiopienne se modernisera. Le défi consistera donc à bien gérer cette hausse pour se maintenir au sommet de la pyramide.
4. Une académie de formation à la pointe de la technologie
L’Ethiopian Aviation Academy est la division de formation du groupe Ethiopian Airlines Aviation, qui a été créé en 1956 dans le but de fournir à la compagnie aérienne le personnel compétent. C’est cette semence qui a prospéré. Depuis sa création, l’Académie s’est révélée être un centre d’excellence dans le développement de main-d’œuvre qualifiée pour les divisions opérationnelles non seulement de Ethiopian Airlines, mais aussi de l’industrie de l’aviation africaine dans son ensemble. En raison de l’engagement des compagnies aériennes pour le développement de professionnels de l’aviation qualifiés, l’Académie s’est considérablement développée en capacité et en personnel au fil des ans. Conduite par la demande toujours croissante de ses programmes de formation de base et récurrents auprès de clients nationaux et internationaux, l’École d’aviation éthiopienne subit régulièrement une transformation massive en investissant pour s’offrir des avions d’entraînement, des formations informatiques, des simulateurs et d’autres ultra – installations modernes.
5. Une flotte dernière génération
Après avoir été la première compagnie africaine à mettre en ligne des avions à réaction, puis un Boeing 767, Ethiopian Airlines complète désormais sa flotte avec des Boeing 787. Depuis 2010, l’entreprise a investi plusieurs milliards de dollars pour acquérir 32 nouveaux appareils. Objectif : disposer de 150 avions d’ici à 2025. En mars 2019, la flotte d’Ethiopian Airlines comprend 96 avions passagers et 8 avions cargo. La compagnie assure posséder « la flotte la plus jeune d’Afrique ». Partenaire historique de Boeing, elle a commandé, pour la première fois de son histoire, 14 avions au constructeur européen Airbus en 2015, peut-on lire sur Wikipédia.
6. Verrouiller le marché intérieur avant de s’ouvrir à l’extérieur
En ouverture du 6ème Sommet de l’aviation d’Afrique 2022 au Rwanda, le président Paul Kagame a proposé la libéralisation du transport aérien qui servirait de catalyseur pour accélérer la reprise de l’industrie. A contrario, force est de constater que Ethiopian Airlines aurait été la compagnie la plus protégée du continent par son gouvernement. Dans un ciel longtemps fermé à la concurrence et grâce à la manne que représentent les expatriés de l’Union africaine dont le siège se trouve à Addis-Abeba, l’opérateur a bénéficié des meilleures conditions pour décoller, avant d’ouvrir peu à peu son marché afin de pouvoir mieux s’installer sur celui des autres.
7. Mettre la confiance des voyageurs et leur sécurité au cœur des opérations
Simple Flying s’est récemment entretenu avec le directeur régional d’Ethiopian Airlines USA, Samson Arega, au sujet de la stratégie de croissance de sa compagnie aérienne dans cette nouvelle ère post Covid. Samson a déclaré ce qui suit : « L’activité passagers se redresse. Le rétablissement complet dépend de la confiance des voyageurs et des mesures de sécurité des compagnies aériennes. Pour nous, la sécurité a été au cœur de nos opérations, et nous avons intensifié les mesures de précaution pour aider à gagner la confiance des passagers dans les voyages et accélérer la récupération. La numérisation a également été une priorité pour offrir une expérience passager sans contact, de la réservation jusqu’à l’embarquement. À l’aéroport, l’expérience des clients est sans contact, facile et pratique avec le terminal nouvellement conçu équipé des dernières infrastructures aéronautiques. Nous avons numérisé la plupart des activités aéroportuaires ». Samson ajoute que les passagers peuvent facilement réserver, s’enregistrer ou modifier les dates de voyage depuis leur domicile. De plus, la plupart des exigences de vol des clients peuvent être traitées par l’application du transporteur. En conséquence, la majorité des requêtes des passagers sont traitées en ligne avec l’aide supplémentaire de chatbots et de canaux de médias sociaux.
Reste maintenant aux compagnies aériennes africaines de se remettre en question et de repenser profondément leur structure organisationnelle et leur fonctionnement.
Marco Logistique
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